Georges Blanck est né le 21 octobre 1914 à Pierrefontaine-les-Blamont, dans le Doubs. Il s'engage dans l'Armée de l'Air en août 1935. Breveté pilote et promu Sergent, il est affecté à la 4eme Escadrille du GC II/3 en novembre 1936 et vole avec cette unité sur MS 406 lorsque la France déclare la guerre à l'Allemagne, le 3 septembre 1939. Son unité est basée à Fayence.
Nommé Aspirant le 1 novembre 1939, il rejoint l'école militaire de l'Air à Versailles le 16 du même mois et en ressort avec le grade de Sous-Lieutenant le 19 mars 1940 avec une affectation à la 1ere Escadrille du GC I/3 à Cannes. Sa nouvelle unité est alors en cours de transformation sur Dewoitine D 520 dont elle a perçue quelques exemplaires pour l'entrainement.
Les premiers appareils "bons de geuure" arriveront à la mi-avril et à la date du lancement de l'offenseive à l'ouest, le 10 mai 1940, le Groupe est au complet. Dès le lendemain, le Groupe rejoint Wez-Thuisy en passant par Suippes.
CAMPAGNE DE FRANCE
Installé à Cannes où il achève sa conversion sur Dewoitine D 520, le Groupe doit regagner la Marne suite à l'attaque du 10 mai 1940. Dès le lendemain, les appareils décollent et font une première escale à Valence pour y faire le plein. Pendant ce temps l'échelon roulant embarque dans les wagons alors qu'une partie des mécaniciens est transportée dans des Bloch 220 d'Air France.
Les Dewoitine et les Bloch font ensuite étape à Suippes qui a été bombardé la veille. Les appareils redécollent sans tarder pour Wez-Thuisy. Les deux Escadrilles se répartissent sur leur nouveau terrain. Au soir du 11 mai, 37 appareils sont disponibles. L'échelon roulant arrive le lendemain en gare de Reims et rejoint le terrain par la route. Très vite les mécaniciens se mettent au travail et le jour
même les premiers avions peuvent décoller pour assurer la protection du terrain.
13 mai 1940
En ce 13 mai 1940, le GC I/3 effectue sa première mission de guerre avec sa nouvelle monture. Il doit protéger les bombardiers Leo 451 des GB I/12 et II/12 chargés d'attaquer les troupes allemandes dans le secteur de Neufchâteau - Regogne - Bertrix. Cinq patrouilles du GC I/3 sont mobilisées entre 19 h 30 et 20 h 00. Les pilotes parviennent à reporter 4 victoires sans perte.
Ne trouvant qu'un ciel vide , deux patrouilles décident de passer sous la couche nuageuse pendant qu'une autre reste au-dessus. A 19 h 45, les 6 Dewoitine qui se trouvent en-dessous des nuages rencontrent deux Hs 126. Chaque patrouille attaque l'un des appareils et l'abat. Le Sous-Lieutenant Blanck (Dewoitine n° 70 "5"), accompagné de l'Adjudant Vinchon et du Sergent Rigalleau abat le sien
dans un bras de la rivière Semoy, près de Sedan.
De son côté, l'A/C Bouillon traverse la couche nuageuse à 19 h 50 et tombe sur un autre Hs 126 qu'il abat aussitôt près de Bouillon. Au même moment, les Sous-Lieutenant Boutarel et Salva s'en prennent à un He 111 qui selon les pilotes se disloque après avoir heurté un arbre en tentant de se poser. D'autres sources indiquent qu'il pourrait s'agir d'un He 111P codé [GI + FN] du 5./KG 55 posé dans les
lignes allemandes à 20 h 00 à Attert en Belgique.
15 mai 1940
Le 15 mai, l'offensive des forces allemandes contre les IXe et IIe Armées françaises atteint un point critique. La chasse doit soutenir coûte que coûte les troupes au sol malgré la supériorité aérienne des allemands. Le temps est beau et la visibilité excellente, permettant la réalisation dès l'aube de nombreuses missions.
Six appareils de la 1ere Escadrille et 6 de la 2eme assurent la première mission de la journée. Ils surprennent un groupe de Do 17. Le Sous Lieutenant Parisse, à bord du D 520 n° 115, obtient une victoire probable à 7 h 15 sur un Do 17 u 5./KG 77 à l'Ouest de Sedan mais il reçoit une rafale qui l'oblige à atterrir, train rentré. L'avion pourra cependant être récupéré par les mécaniciens.
Quelques minutes plus tard, la patrouille de l'Adjudant-Chef Bourbon intercepte d'autres Dornier appartenant cette fois aux I et III./KG 2. Les D 520 s'en prennent à un Dornier isolé qui riposte et touche le D 520 n° 86 du Sous-Lieutenant Boutarel qui parvient à se poser train rentré vers Rethel. Le Capitaine Challe le venge en abattant à 8 h 50 deux Do 17, près de Reims et le second aux environs de
Neufchâtel.
Deux D 520 pilotés par les Lieutenants Lacombe et Thierry s'apprêtent à atterrir lorsqu'ils reçoivent l'ordre d'intercepter des avions ennemis qui arrivent de Reims. Arrivés sur le secteur, ils découvrent des Do 17 et des Me 110. Le Lieutenant Thierry abat rapidement l'un des bombardiers mais les Me 110 ripostent et abattent le D 520 de Thierry qui parvient neanmoins à se poser train rentré. Quant
au D 520 de Lacombe (n° 124), il revient criblé de balles. Les deux avions seront sabordés face à l'avance allemande.
Deux autres victoires sont également remportées à 8 h 50 par le Sous-Lieutenant Blanck contre un He 111 et par le Sous-Lieutenant Prévost qui participe à son premier combat d'importance. Il arrose sérieusement un Me 110 du III./ZG 26 qui sera confirmé bien qu'aucun des deux pilotes n'ait assisté à la chute.
A 13 h 00, une ouvelle mission de protection d'un Potez 63 est assurée dans le secteur compris entre Givet et Namur. Trois patrouilles assurent cette protection. Quarante minutes après avoir décollé, le dispositif survole la Belgique lorsqu'il est attaqué par surprise par un groupe de Me 109 du I./JG 77.
Le Sous-Lieutenant Blanck et l'Adjudant Octave parviennent ensemble à abattre l'un des chasseur. Octave parvient à en abattre probablement un second. Succombant sous le nombre, le Sergent Barberis qui vient de remporter une victoire probable et le Sous-Lieutenant Madon doivent se poser en catastrophe après avoir été touchés.
Au même moment, une patrouille triple qui survole la frontière est anéantie. Les trois D 520 des Sergent Bellefin et Rigalleau et de l'Adjudant Combette sont envoyés au tapis par les Me 109 du I./JG 77. Bellefin est tué aux commandes du n° 98 dès la première passe. Il s'écrase avec soon appareil dans les bois de Belvaux, près de Soulme.
Le n° 94 du Sergent Rigalleau est aussi incendié et l'avion percute le sol sans que le pilote en soit sorti. Seul l'Adjudant Combette, aux commandes du n° 126 parvient à sauter en parachute après que son D 520 ait été troué de toute part et mis hors de controle. Il perd connaissance pendant la descente et reprend conscience accroché à un arbre. Parvenant à se dégager, il marche vers l'Ouest avant d'être
fait prisonnier, 10 kilomètres plus loin. Entre le 11 et le 15 mai, le Groupe vient de perdre 4 pilotes tués.
6 juin 1940
Le 6 juin, l'avance allemande s'est encore accélérée. Les blindés ouvrent la route aux régiments d'infanterie. Trois missions sont effectuées dans la journée. La première se déroule entre 10 h 45 et 12 h 25 dans le ciel de Péronne par 10 des 12 appareils qui ont décollé, deux ayant du abandonner. La patrouille se révèle infructueuse. A 14 h, nouveau vol, sur Paris cette fois-ci. Les 6 appareils reviennent
une heure plus tard après un vol sans incident.
La troisième et dernière mission se déroule entre 18 h 45 et 20 h 00. Neuf pilotes patrouillent dans la région de Nesles en compagnie de deux patrouilles des GC II/6 et GC I/8 tous deux sur Bloch 152. La mission consiste à protéger les bombardiers et les bombardiers d'assaut français qui opèrent dans le secteur. Une fois sur place, les français sont engagés par les chasseurs allemands.
L'A/C Bourbon est le premier à remporter une victoire sur un Me 109. Lui-même pris en chasse, son appareil est incendié. Il ne doit la vie sauve qu'à l'intervention du Sous-Lieutenant Madon qui abat son poursuivant avant d'en abattre un second. Le Sous-Lieutenant Blanck abat un quatrième appareil. Seul celui de Blanck sera confirmé. Pendant ce temps, Bourbon pose son avion sur le ventre dans un champ
près de Compiègne. Brûlé au pied, il est soigné et hébergé dans un premier temps par le curé d'un village voisin.
Joignant leurs efforts, le Sous-Lieutenant Madon et le Sous-Lieutenant Ronin, du GC II/6, abattent un Dornier Do 17.
9 juin 1940
Le 8 juin, les troupes allemandes ouvrent une brèche dans la région de Formerie. L'aviation française va tenter de ralentir la progression ennemie en lançant ses bombardiers d'assaut dans la bataille. Si aucune perte n'est enregistrée, aucune victoire ne vient enrichir le tableau du groupe ce jour là.
Le 9 juin, le front est définitivement enfoncé et les troupes motorisées allemandes s'engouffrent dans la brèche. En fin de matinée, la mission confiée au GC I/3 consiste à couvrir la région de la Ferté-sous-Jouarre de 11 h 45 à 13 h 15 alors que l'heure de la retraite commence à sonner. Douze chasseurs prennent l'air : Cdt Fleurquin, Cpt Gérard, Lt Cabaret, Lt Thierry, Slt Boutarel, Slt Blanck, Slt
Madon, A/C Guillaume, Adj Octave, Sgt Touret, Sgt Glauder, Sgt Albert.
Une véritable nuée de Me 109 du II./JG 27 attaque le dispositif français alors que celui-ci arrive sur zone. L'A/C Guillaume est le premier à remporter une victoire contre un Me 109 après lui avoir décoché 3 rafales. A peine a-t-il remporté sa victoire qu'il est touché à son tour, l'obligeant à poser son D 520 n° 133 sérieusement endommagé, moteur calé, près de Hervillers. Le pilote s'en sort indemne.
Le Slt Madon qui a suivi l'action précédente abat à son tour un Me 109 en flammes dont le pilote parvient à sauter en parachute. Dans la mêlée, le Sous-Lieutenant Blanck poursuit un Me 109 en rase-mottes et l'abandonne alors qu'il commence à fumer, lui permettant d'enregistre une victoire probable. Les Me 109 se regroupent et réagissent. L'avion de l'Adj Octave est touché alors que le Capitaine Gérard
détruit un autre Me 109 qui s'écrase près d'Oulchy-le-château, dans le sud du départment de l'Aisne où le combat s'est maintenant déplacé.
Puis ce sont les Sous-Lieutenant Boutarel et le Lieutenant Carabaret qui s'adjugent conjointement un autre Me 109. De son côté, le commandant Fleurquin tire de longues rafales qui atteignent leur cible, provoquant la chute du Me 109 qui s'écrase à Neuilly-Saint-Front. Si aucun autre Dewoitine n'est abattu, nombreux sont ceux qui ont été touchés à des degrés divers.
Après cette première mission pleine de succès, un nouveau vol est programmé entre 17 h 45 et 19 h 15 au-dessus du secteur de Senlis et Compiègne. Il s'agit d'une mission de chasse libre. Arrivés sur zone, les pilotes français aperçoivent des Do 17 et des Ju 88. Aussitôt, les bombardiers changent de cap. Les Capitaine Challe, les Sous-Lieutenant de Salaberry (D 520 n ° 226) et Boutarel tirent sur un
Dornier qui s'écrase près de Béthisy-Saint-Pierre.
Le commandant Fleurquin remporte sa deuxième victoire de la journée en abattant probablement un autre Do 17 alors qu'un troisième tombe sous les coups du Capitaine Challe près de la Croix-Saint-Ouen. Les autres pilotes opèrent au-dessus de l'Oise. Le Lieutenant Thierry (D 520 n° 78) attaqué, riposte et touche mortellement un chasseur qui s'écrase près de Senlis, bien que seule une victoire probable
sui soit accordée. De son côté, l'A/C Guillaume parvient à se placer derrière un Me 109 qu'il abat à courte distance près de Creil.
Les Lieutenants Lacombe et Bartos, l'Adj Boileau et le Sgt Dumoulin aperçoivent un peleton de Stuka mais ne peuvent attaquer ces proies faciles, empéchés en cela par les Me 109 de protection qui foncent sur les français. Pour autant, la dernière patrouille du Sous-Lieutenant Blanck et du S/C Glauder parvient à toucher deux des Ju 87 qui s'écrasent près de liancourt.
Tous les pilotes se regroupent et rejoignent la pointe Ouest du département de l'Oise où ils surprennent un Do 17 qui s'écrase près de Gisors après avoir été attaqué par 5 chasseurs. Cette victoire ne sera cependant comptée que comme probable aux (Cpt) Challe Bernard (Slt) Boutarel (Cdt) Fleurquin (Slt) De Salaberry Hubert (Slt) Salva. Parvenu au terme de cette journée, le Groupe compte 10 victoires
confirmées en plus et 4 victoires probables au prix d'un seul avion perdu et aucun pilote touché. Cette journée est aussi marquée par l'émergence des trois premiers "As" de l'unité puisque le Sous-Lieutenant De Salaberry Hubert , le Sous-Lieutenant Blanck et le Capitaine Challe remportent tous les trois leur 5eme victoire confirmée.
14 juin 1940
A partir du 9 juin, la situation s'aggrave rapidement et le repli s'amorce. Le 9, le Groupe rejoint Etampes où les pilotes se posent le soir même. Le 10, l'Italie entre en guerre et le gouvernement quitte Paris pour se réfugier à Tours. Le 11, nouveau déménagement pour Pithiviers. Le 14, c'est au tour de Châteauroux d'accueillir les D 520 du GC I/3. Les mécaniciens qui gagnent leur nouvelle destination
par la route doivent faire u plus vite afin de préparer les avions à leur arrivée. Les Blindés entrent dans Paris et progressent très vite. Tout s'écroule et les réfugiés encombrent les routes.
Une mission de reconnaissance est demandée et 6 Dewoitine décollent. Le Lieutenant Thierry, les Sous-Lieutenant Blanck et Madon, l'A/C Guillaume ainsi que les Sergents Touret et Glauder l'exécutent à très basse altitude et interceptent des Hs 126 dont 3 sont abattus. Le Sous-Lieutenant Madon se taille la part du lion. Il en abat un près de Chartres, un second près de Meaux, avec le Sgt Glauder et le
troisième près de Brie-Comte-Robert, en collaboration avec les 5 autres pilotes de la patrouille.
Concernant ce troisième et dernier Hs 126, c'est après que tous les chasseurs français aient tiré dessus que le dernier parvient à l'enflammer d'une rafale bien ajustée. Tentant de se poser et sand oute aveuglé par la fumée, l'appareil d'obersation percute un arbre entrainant la mort des deux membres d'équipage.
Le 18 juin, le Sous-Lieutenant Blanck se replie en Afrique du Nord avec son groupe. Rebaptisé GC III/3 en octobre 1941 après la défection de 3 pilotes du Groupe qui rejoignent la France Libre, l'unité fait face aux Anglo-américains qui débarquent en novembre 1942 sur les plages d'Afrique du Nord.
A cette occasion , le Lieutenant Blanck fait preuve d'une efficacité redoutable en abattant 5 appareils alliés en une seule sortie. Ses victimes sont 3 C 47 du 60 th Troop Carrier Squadron et 2 Fairey Albacore du Squadron 822 embarqués sur le HMS Furious.
Revenu dans les rangs alliés, il reprend la lutte contre l'Allemagne alors que le groupe est rebaptisé GC 1/3 "Corse" et rééquipé en Spitfire Mk V. Il participe à la protection des convois en Méditerranée et remporte une douzième et dernière victoire contre un héxamoteur Me 323 "Gigant" qu'il descend avec ses équipiers lors des opérations de libération de la Corse en septembre 1943.
Promu Capitaine en juin 1944, il est alors affecté comme commandant d'escadrille à l'école de chasse de Meknès
Revenu en métropole en novembre 1949, il poursuit sa carrière dans l'Armée de l'Air, tout d'abord au sein de la zone de défense 901 puis après un détachement au centre d'instruction des contrôleurs d'opérations aériennes à Dijon, comme commandant du secteur d'opérations de secteur 921 de Metz. Lieutenant-Colonel en 1952, il reçoit 5 ans plus tard le commandement de la base aérienne de Nancy. Envoyé
en Algérie en 1959, Blanck est affecté en août 1961 au centre d'opérations de défense aérienne de Taverny. Promu Colonel en avril 1964, il prend sa retraite en 1968.
Georges Blanck est décédé le 8 janvier 1990.
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